Bamako : sous le signe de l’ouverture

Le Mali, encore peu touché par la crise internationale, doit faire face aux faiblesses structurelles de son économie,  longtemps caractérisée par l’enclavement et ses contraintes. L’ouverture est aujourd’hui le maître mot pour un pays où la démocratie, depuis les années 1990, constitue un acquis.

La température douce est de saison, mais un certain malaise social est perceptible. Pourtant la capitale malienne où débute, le 19 février, le Forum de Bamako, ne semble pas particulièrement affectée par la crise internationale. A celui qui voudrait s’enquérir des effets de la tourmente sur l’économie nationale, on répondra avec un sourire qu’ici la difficulté de vivre est quelque chose d’usuel, presque banal.
 
Et de  fait, pour un pays peu connecté aux circuits de la finance mondiale, et où l’enclavement n’est pas seulement géographique, mais aussi – pour une fois c’est une chance - économique,  les préoccupations se concentrent sur des aspects très concrets : au premier chef les prix des denrées de première nécessité, et parmi elles du riz, ce constituant essentiel du panier de la ménagère. Son augmentation inquiète, alors que les autorités ont fait de la lutte contre la crise alimentaire leur priorité. Il y a bien eu pourtant un accroissement sensible de la production nationale de riz, dans le cadre de ce que l’on connaît ici comme « l’initiative riz » du gouvernement. Mais cela n’a pas empêché les tensions tarifaires sur le marché, à une période de l’année où on ne les attendait pas.
 
Vue « d’en bas », la gouvernance et ses difficultés commence donc là : dans la nécessité d’assurer la subsistance quotidienne des quelques 10 millions de Maliens. Ce qui passe par la dynamisation globale d’un appareil économique essoufflé, avec de forts besoins structurels : les efforts se portent, et ceci depuis bien des années, sur l’équipement. Lancement de chantiers, poses de premières pierres, inauguration de routes et bâtiments ou réception de matériels, constituent l’ordinaire de l’actualité officielle qui voit le président Amadou Toumani Touré comme son Premier ministre, Modibo Sidibé, sillonner le territoire pour annoncer, ici et là, que la priorité de l’action gouvernementale reste bien celle-ci : le Mali doit se moderniser, construire. Et s’ouvrir : aux investisseurs - les privatisations, dans les télécommunications, ou dans le secteur cotonnier, alimentent les débats - ; aux partenaires, anciens et nouveaux : Hu Jintao, le président chinois, vient de quitter Bamako, et tout le monde ici de commenter, non sans ironie, le dynamisme d’une coopération sino-malienne aux avantages palpables… exemple avec la construction annoncée de deux hôpitaux et du 3e pont sur le Niger qui doit permettre de désengorger la circulation toujours chaotique de la capitale.
T.P.
 
 
 
La démocratie en chantier ----------------------------
 
Depuis la chute de Moussa Traoré, en mars 1991, le Mali de Amadou Toumani Touré (ATT) a instauré une transition démocratique qui fait toujours référence en Afrique francophone. Ceci malgré d’énormes difficultés liées à un état global de pauvreté qui alimente, d’un régime à l’autre, l’insatisfaction des Maliens, peu avares de critiques envers leurs dirigeants : la liberté de parole est un acquis palpable, avec lequel les dirigeants ont appris à composer. Alors que le quotidien Infomatin darde ses flèches contre « l’ATTcrature », la machine électorale se remet progressivement en route avec les échéances municipales, prévues en avril, et dont la préparation constitue un plat de résistance bienvenu pour les journaux, à la diète depuis les élections générales de 2007.
 
Une démocratie malienne qui est confrontée depuis deux décennies à l’épineuse question du Nord et aux soubresauts de la rébellion touarègue, à nouveau active depuis deux ans. Une étape jugée importante vient toutefois d’être franchie, le 17 février à Kidal, avec la réintégration solennelle de nombreux combattants dans le processus de paix initié en 2006 sous les auspices de l’Algérie. La question de gouvernance est, ici, illustrée par un quasi cas d’école, comme le souligne un observateur : comment assurer un partage équilibré de l’accès aux ressources dans un Etat  - grand comme deux fois la France - où la pénurie de moyens coïncide avec des antagonismes historiques, aujourd’hui renforcés par la géostratégie très conflictuelle de la vaste zone d’insécurité transsaharienne.
 
 

1 Comments

en partage avec vous cette définition de la gouvernance de Pierre Calame....en peu de mots tout est dit :

« Le premier objectif de la gouvernance est d’apprendre à vivre ensemble et à gérer pacifiquement la maison commune ; d’y assurer les conditions de la survie, de la paix, de l'épanouissement et de l'équilibre entre l'humanité et la biosphère »

La mise en oeuvre de la bonne gouvernance, à quelque niveau que ce soit, est conduite par ceux qui sont guidés par l'humilité, la sagesse et l'esprit d'humanité.