L’option de la décentralisation

Entretien avec Ousmane Sy

Ousmane Sy est connu au Mali comme l’infatigable avocat de la décentralisation. C’est,  aux yeux de celui qui fut ministre de la décentralisation d’Alpha Oumar Konaré et qui poursuit aujourd’hui une activité de consultant, l’option majeure pour améliorer la gouvernance.

RFI : La décentralisation est visiblement une option à laquelle tout le monde pense en matière de gouvernance améliorée. Mais les obstacles sont connus : peut-on décentraliser, et donc accepter que l'Etat se prive de certaines fonctions, quand cet Etat a été très affaibli les dernières décennies et manque déjà de ressources ?

En réalité en Afrique, avec les réformes de décentralisation, l’Etat ne se prive d’aucune fonction… car en fait il n 'exerçait pas la plupart d’entre elles, et même si cela était le cas ce n’est pas fait de façon efficace et efficiente. Donc la décentralisation du service public, en rapprochant la décision publique des populations facilite la délivrance et la pertinence de ce service public ! Ce qui en conséquence crédibilise l’Etat aux yeux des populations et le relégitime, ou tout au moins renforce sa légitimité à leurs yeux.
La gestion publique au plus près des populations offre de multiples avantages  par rapport à la gestion centralisée : une meilleure connaissance de leurs attentes, une possibilité de dialogue direct, donc d’un partenariat plus solide, plus de flexibilité dans les réponses, et un meilleur contrôle des citoyens sur les responsables publics.

RFI : Au Mali, une option semble être de porter l'effort sur les infrastructures, pour désenclaver le pays. Ne croyez-vous pas que cette orientation sera payante à terme ?
 
Je suis absolument d’accord avec l’option de développement des infrastructures de communication en général, parce que le Mali est un pays vaste et situé au centre de l’Afrique de l’ouest. Notre principal atout c’est d’être un pays-carrefour. Le développement des infrastructures routières, aériennes et même ferroviaires (que l’on a oubliées jusqu’à maintenant) nous permettra de valoriser cet atouts. Donc, si le Mali continue et poursuit sur la longue durée la politique de promotion des infrastructures, le pays sera dans quelques années un passage obligé pour les échanges entre les régions d’Afrique de l’ouest.